Pour revenir a
J. Cohen, le vers est une structure phono sémantique. Il est le produit
du rapport du son et du sens. Au niveau structural, le vers est aussi une
figure semblable aux autres. vers et métaphores ont des structures homologues.
La différence entre eux existe uniquement dans les éléments mis en jeu. Tout
d’abord tout vers est versus,
c'est-à-dire retour. Le vers revient toujours sur lui-même Gérard Hopkins en
donne cette définition : « discours répétant totalement ou
partiellement la même figure phonique » (1). Le versus se fonde sur des
éléments sonores variables de langue à langue. En français, c’est le nombre
égal de syllabes qui fonde la répétition : le phénomène d’iso syllabisme.
On appel discours versifié : Tout discours qui se laisse diviser en segments comptants, au moins deux, un nombre égal de syllabes.
On comprend par là que « le vers Français est premièrement homo métrique, secondairement homophonique » (2). Cette définition s’applique uniquement au vers régulier. Le problème reste à chercher si le « vers libre », qui ne respecte ni la rime ni le mètre, devrait- être considère comme vers ou non. Surtout que les poètes qui usent de vers le considèrent comme un vers authentique. Pour trancher une mise au point de quelques traits distinguant la structure du poème de celle de la prose doit être faite au niveau de la typographie et au niveau de la syntaxe.
Du point de vue de la composition typographique, « chaque vers est séparé du suivant par un blanc qui va de la dernière lettre à la fin de la page » (1). Une fois le vers se complète au niveau rythmique, on passe à la ligne. Au niveau prosodique, le blanc est conçu comme signe graphique du silence ou de la pause. L’absence de lettre symbolise normalement l’absence de voix. A l’origine, cette absence de voix semble être nécessaire aux parleurs pour reprendre leur souffle. Jean Cohen considère cette pause comme un phénomène physiologique extérieur au discours, « mais elle s’est tout naturellement chargée de signification linguistique » (2).
Au niveau de la syntaxe, Les éléments du discours sont caractérisés par une solidarité variable qui est à la fois logique et grammaticale. Cette solidarité, logique et grammaticale, divise le discours en parties emboîtées : chapitres, paragraphes, phrases, mots etc. cette division est facilitée normalement par le sens ; la voix ne fait que marquer « l’indépendance sémantique des unités entre lesquelles elle s’interpose » (3). La division sémantique est accompagnée par une division phonique parallèle.
Cohen en adapte la distinction entre « formes fortes » et « formes faibles ». On parle de « formes fortes » dans les cas « ou deux facteurs ». De structuration (sens/son) agissent dans le même sens » (4) dans les autres cas ou ils agissent en sens contraire on parle de « formes faibles ».
Dans le discours normal, le parallélisme phono- sémantique joue à tous les degrés de la division. Les chapitres sont plus indépendants les uns des autres que ne sont deux paragraphes. Les phrases sont moins indépendantes que les paragraphes. Au niveau de la phrase, la solidarité psychologique des éléments se renforce par une solidarité grammaticale : les signes de ponctuation qui sont caractérises par une certaine hiérarchie. Le point marque la fin d’un sens complet en lui-même et qui peut exister isolément ; la virgule sépare des groupes relativement autonomes mais qui ne peuvent pas exister isolément.
La structure du vers, à l’encontre de la phrase est caractérisée par une « pause métrique ». « Elle a pour fonction de signifier que le mètre est rempli et le vers terminé » (1). Elle n’a pas de valeur sémantique. Elle peut en effet séparer deux unités solidairement liées. C’est le cas du sujet et du prédicat. Exemple :
Maurice Grammont illustre cette concurrence entre le vers et la syntaxe en disant : « Quant il y a conflit entre le mètre et la syntaxe, c’est toujours le mètre qui l’emporte, et la phase doit se plier à ses exigences. Tout vers, sans exception possible, est suivi d’une pause plus ou moins longue » (2)
Donc le problème de l’enjambement relève essentiellement du conflit mètre / syntaxe. Parfois cet enjambement est réduit par une coïncidence entre pause métrique et pause sémantique. Cette coïncidence, selon des statistiques est inexistante. Examinons ces deux vers :
Le premier vers contient trois pauses sémantiques égales dénotées par des virgules. Ces trois pauses coïncident avec trois autres pauses rythmiques. Mais ce qu’est frappant ici, les trois pauses rythmiques sont de valeurs inégales. La première marque la fin d’une mesure, la seconde la fin de l’hémistiche, la dernière la fin du vers. Dans cet exemple pertinent, les pauses rythmiques sont inégales et répondent à des pauses sémantiques égales. Cette discordance entre la syntaxe et le vers obéit à une esthétique qui change de siècle en siècle et d’école littéraire en école littéraire. Il n’est pas de notre attention d’aborder le problème des tendances esthétiques de chaque école. Mais nous signalons, à la suite des études de Jean Cohen, qu’au cours des trois derniers siècles la versification n’a pas cessé d’accroître la divergence entre le mètre et la syntaxe, elle est allée toujours plus loin dans le sens de l’agrammaticalisme » (1)qui se concrétise dans le phénomène du vers libre.
Le vers libre
Le vers libre n’obéit à aucune contrainte de mètre ou de rime. La rupture du parallélisme phono-sémantique est intentionnelle. Elle constitue une fin recherchée. Selon Jean Cohen ce qui différencie le vers libre du « poème en prose » c’est le respect de ce dernier des règles du parallélisme.
A la suite de cet exposé portant sur les traits définitoires du vers on peut conclure que :
On appel discours versifié : Tout discours qui se laisse diviser en segments comptants, au moins deux, un nombre égal de syllabes.
On comprend par là que « le vers Français est premièrement homo métrique, secondairement homophonique » (2). Cette définition s’applique uniquement au vers régulier. Le problème reste à chercher si le « vers libre », qui ne respecte ni la rime ni le mètre, devrait- être considère comme vers ou non. Surtout que les poètes qui usent de vers le considèrent comme un vers authentique. Pour trancher une mise au point de quelques traits distinguant la structure du poème de celle de la prose doit être faite au niveau de la typographie et au niveau de la syntaxe.
Du point de vue de la composition typographique, « chaque vers est séparé du suivant par un blanc qui va de la dernière lettre à la fin de la page » (1). Une fois le vers se complète au niveau rythmique, on passe à la ligne. Au niveau prosodique, le blanc est conçu comme signe graphique du silence ou de la pause. L’absence de lettre symbolise normalement l’absence de voix. A l’origine, cette absence de voix semble être nécessaire aux parleurs pour reprendre leur souffle. Jean Cohen considère cette pause comme un phénomène physiologique extérieur au discours, « mais elle s’est tout naturellement chargée de signification linguistique » (2).
Au niveau de la syntaxe, Les éléments du discours sont caractérisés par une solidarité variable qui est à la fois logique et grammaticale. Cette solidarité, logique et grammaticale, divise le discours en parties emboîtées : chapitres, paragraphes, phrases, mots etc. cette division est facilitée normalement par le sens ; la voix ne fait que marquer « l’indépendance sémantique des unités entre lesquelles elle s’interpose » (3). La division sémantique est accompagnée par une division phonique parallèle.
Cohen en adapte la distinction entre « formes fortes » et « formes faibles ». On parle de « formes fortes » dans les cas « ou deux facteurs ». De structuration (sens/son) agissent dans le même sens » (4) dans les autres cas ou ils agissent en sens contraire on parle de « formes faibles ».
Dans le discours normal, le parallélisme phono- sémantique joue à tous les degrés de la division. Les chapitres sont plus indépendants les uns des autres que ne sont deux paragraphes. Les phrases sont moins indépendantes que les paragraphes. Au niveau de la phrase, la solidarité psychologique des éléments se renforce par une solidarité grammaticale : les signes de ponctuation qui sont caractérises par une certaine hiérarchie. Le point marque la fin d’un sens complet en lui-même et qui peut exister isolément ; la virgule sépare des groupes relativement autonomes mais qui ne peuvent pas exister isolément.
La structure du vers, à l’encontre de la phrase est caractérisée par une « pause métrique ». « Elle a pour fonction de signifier que le mètre est rempli et le vers terminé » (1). Elle n’a pas de valeur sémantique. Elle peut en effet séparer deux unités solidairement liées. C’est le cas du sujet et du prédicat. Exemple :
Souvenir,
souvenir, que me veux-tu ? L’automne.
Faisait voler la grive à travers l’air atone.
(Verlaine)
Maurice Grammont illustre cette concurrence entre le vers et la syntaxe en disant : « Quant il y a conflit entre le mètre et la syntaxe, c’est toujours le mètre qui l’emporte, et la phase doit se plier à ses exigences. Tout vers, sans exception possible, est suivi d’une pause plus ou moins longue » (2)
Donc le problème de l’enjambement relève essentiellement du conflit mètre / syntaxe. Parfois cet enjambement est réduit par une coïncidence entre pause métrique et pause sémantique. Cette coïncidence, selon des statistiques est inexistante. Examinons ces deux vers :
Ariane, ma sœur, de quel amour blessé.
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée.
Le premier vers contient trois pauses sémantiques égales dénotées par des virgules. Ces trois pauses coïncident avec trois autres pauses rythmiques. Mais ce qu’est frappant ici, les trois pauses rythmiques sont de valeurs inégales. La première marque la fin d’une mesure, la seconde la fin de l’hémistiche, la dernière la fin du vers. Dans cet exemple pertinent, les pauses rythmiques sont inégales et répondent à des pauses sémantiques égales. Cette discordance entre la syntaxe et le vers obéit à une esthétique qui change de siècle en siècle et d’école littéraire en école littéraire. Il n’est pas de notre attention d’aborder le problème des tendances esthétiques de chaque école. Mais nous signalons, à la suite des études de Jean Cohen, qu’au cours des trois derniers siècles la versification n’a pas cessé d’accroître la divergence entre le mètre et la syntaxe, elle est allée toujours plus loin dans le sens de l’agrammaticalisme » (1)qui se concrétise dans le phénomène du vers libre.
Le vers libre
Le vers libre n’obéit à aucune contrainte de mètre ou de rime. La rupture du parallélisme phono-sémantique est intentionnelle. Elle constitue une fin recherchée. Selon Jean Cohen ce qui différencie le vers libre du « poème en prose » c’est le respect de ce dernier des règles du parallélisme.
A la suite de cet exposé portant sur les traits définitoires du vers on peut conclure que :
- le vers n’est pas agrammatical (2)
- Il est un écart par rapport aux règles du parallélisme du son et du sens qui règne dans toute prose’’ (3)
- Le vers est l’antiphrase : il tend à affaiblir les structures du discours.

J. Cohen, structure du langage poétique, Flammarion, paris, 1966, page55
Ibid.
1-J.Cohen structure du langage poétique, Flammarion, Paris, 1966, P 69/70
J. Cohen, structure du langage poétique, Flammarion, paris, 1966, page57.
Ibid, page 58.
Ibid,
Ibid, page 59.
1- Jean Cohen, structure langage poétique, Flammarion Paris 1966 P.60.
2- M. Grammont, le vers Français Picard et fils, Paris, 1904. P.35.
3- Ibid Page 72.
4- Ibid.
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